Analyse tactique : comment le Maroc compte dominer Madagascar en finale du CHAN

Alors que le Maroc s’apprête à affronter Madagascar en finale du TotalEnergies CAF African Nations Championship (CHAN) PAMOJA 2024, l’attention se porte sur la capacité des Lions de l’Atlas à exploiter leur maturité tactique et leur expérience du tournoi pour décrocher un troisième titre historique.
Un équilibre entre calme et efficacité offensive
Selon Kamel Kolsi, ancien international tunisien et membre respecté du Groupe d’Étude Technique (TSG) de la CAF, la plus grande force du Maroc réside dans sa faculté à rester serein sous pression tout en conservant une redoutable puissance offensive.
Kolsi explique que lors de la demi-finale contre le Sénégal, le Maroc a montré deux visages complémentaires : une construction patiente basée sur des passes latérales ou en retrait pour échapper au pressing adverse, mais aussi une capacité à accélérer rapidement et à percer les lignes défensives. Cette combinaison d’aplomb tactique et d’explosivité rend l’équipe particulièrement difficile à contenir.
Maîtrise des transitions et gestion du pressing
Face à une sélection sénégalaise jeune et agressive au pressing, la défense marocaine est restée solide et organisée. Le gardien El Mehdi Al Harrar, associé à sa ligne arrière, a su recycler le ballon patiemment pour exploiter les failles du pressing.
Au-delà de la récupération, les milieux, notamment Youssef Mehri, se sont montrés très réactifs pour lancer des offensives rapides. Kolsi souligne la flexibilité tactique des Marocains qui, selon la situation, recherchent soit à exploiter immédiatement la profondeur lorsque l’adversaire est déséquilibré, soit à créer des surnombres autour du ballon pour progresser méthodiquement.
Cette double approche de contrôle et d’accélération est la marque d’une équipe mature, et elle devrait être au cœur de leur stratégie en finale.
La patience, une arme essentielle
Contrairement à certain(e)s équipes qui recherchent un but rapide, le Maroc privilégie souvent la gestion du rythme et la patience dans le jeu. Contre le Sénégal, après un égalisation rapide, ils ont adopté un jeu de longue haleine, emmenant finalement la rencontre à la séance de tirs au but où ils ont su s’imposer.
Kolsi estime que cette expérience permettra aux Lions de l’Atlas d’aborder la finale avec sérénité, sans précipitation, en attendant le moment propice pour percer la défense malgache. Avec des joueurs comme Sabir Bougrine, capable de frappes spectaculaires, et Oussama Lamlioui, leader des buteurs du tournoi, le Maroc possède les armes pour punir la moindre erreur adverse.
Le milieu de terrain, véritable tour de contrôle
Le duel au milieu de terrain sera déterminant. La créativité et l’équilibre apportés par Mehri, ainsi que la vision de Youssef Belammari, confèrent au Maroc la capacité de dicter le tempo du match et d’orienter le jeu.
Kolsi met en avant le rôle central de ce trio, soulignant que la finale exigera d’eux une qualité physique et technique exceptionnelle pour gérer les phases de transition en attaque comme en défense. Ce contrôle du milieu permet aux Marocains de masquer un bilan offensif parfois discret — avec 10 buts en six rencontres, leur plus faible total lors d’une finale de CHAN — en empêchant les adversaires de prendre l’ascendant.
Les coups de pied arrêtés, un facteur clé
Les grandes finales se gagnent souvent sur des détails et des moments de concentration extrême. Kolsi insiste sur l’importance des phases arrêtées : corners, coups francs, voire touches. Le Maroc dispose d’une grande qualité dans la préparation et l’exécution de ces situations.
Avec la capacité aérienne d’Oussama Lamlioui et la présence défensive d’Anas Bach, le Maroc a des cibles précises. Par ailleurs, Bougrine et Mehri apportent la précision nécessaire sur les balles arrêtées pour transformer ces opportunités en occasions dangereuses.
Le facteur Lamlioui
Si l’attaque marocaine est collective, Lamlioui reste le point d’appui principal. À 26 ans, il s’impose comme le meilleur buteur du tournoi avec quatre réalisations et une passe décisive, son instinct et ses déplacements en font un attaquant redoutable.
Kolsi note que Madagascar concentrera sans doute ses efforts pour le neutraliser, mais la force du Maroc réside dans son collectif offensif qui peut marquer de plusieurs manières. Néanmoins, la capacité de Lamlioui à bien temporiser ses courses et à convertir les moindres opportunités le place au centre des préoccupations des Malgaches.
Pour le gardien malgache Michel « Toldo » Ramandimbisoa, le défi majeur sera de contenir ce joueur.
Une solidité défensive remarquable
Les Lions de l’Atlas ont encaissé un seul but lors de leurs trois dernières rencontres, preuve d’une organisation défensive compacte et bien rodée. Kolsi souligne la force collective de la défense marocaine, qui sait parfaitement quand se resserrer et quand monter en bloc.
Le capitaine Ayoub Hrimat est un pilier de cette stabilité, tandis que les arrêts d’Al Harrar ont souvent fait la différence dans des moments cruciaux.
L’expérience de Tarik Sektioui, un atout majeur
Le sélectionneur marocain, Tarik Sektioui, est salué pour son habileté à allier rigueur défensive et liberté offensive. Ancien ailier, il encourage la créativité dans le dernier tiers du terrain tout en exigeant une discipline stricte en phase défensive.
Kolsi estime que cet équilibre donne un avantage au Maroc face à Madagascar, avec une équipe mieux armée individuellement et collectivement. Leur patience, leur structure et leur expérience sont des facteurs clés pour réussir samedi.
Une finale aux enjeux historiques
Le Maroc dispute sa troisième finale de CHAN en six ans, ayant déjà remporté le trophée en 2018 et 2020. Un troisième sacre ferait d’eux la nation la plus titrée de l’histoire de la compétition.
En revanche, Madagascar fait sa première apparition en finale, devenant ainsi la première nation insulaire à atteindre ce stade. Si la formation dirigée par Romuald Rakotondrabe a su séduire par sa résilience et son courage tactique, l’expérience marocaine semble constituer un avantage décisif.
La victoire des Lions de l’Atlas ne confirmerait pas seulement leur domination historique au CHAN, mais aussi la qualité du football domestique marocain, capable de fournir des joueurs performants sur la scène continentale.
Pour Kolsi, le pronostic est clair : l’expérience, l’intelligence tactique et la puissance collective du Maroc devraient faire la différence face au cœur battant de Madagascar. Ce samedi à Nairobi, un seul des deux protagonistes entrera dans l’Histoire, tandis que l’autre en tirera de précieuses leçons.
Source: cafonline.com